Edward Hopper, Automat, 1927, par Emilie-Rose Soufflet, 1G1, spécialité Hida
On éprouve une sensation de voyeurisme en regardant ce tableau : on observe quelqu’un qui n’est pas conscient de notre présence. Cette jeune femme qui est assise, seule, sa tasse à la main. L’instant est comme suspendu, l’atmosphère comme statique ; cela nous induit à imaginer le récit de la vie de cette femme. La chaise inoccupée face à elle est-elle destinée à quelqu’un ? Cette personne est-elle désespérément attendue ou bien déjà partie ?
Le regard de la jeune femme, qui est fixé sur sa boisson, laisse transparaître sa tristesse, sa fatigue, voire même sa déception, peut-être amoureuse. La froideur de son visage est à l’image de la pièce : le radiateur ne semble pas suffire à la réchauffer, elle porte un grand manteau de velours et a conservé un gant. La lumière morne et désolée du plafond éclaire froidement la pièce.
Sa tenue est assez incohérente, elle porte un manteau épais pour faire face au froid mais ses jambes apparaissent sous la table, nues sous la robe raccourcie des "Années folles". Cette robe, ce rouge à lèvres éclatant ainsi qu’un chapeau raffiné tombant des deux côtés de sa tête : il y a peu de doute à avoir, elle a voulu se faire belle pour la personne qu’elle attendait. Mais on voit la nuit se dessiner derrière la fenêtre du café. Il est tard. Plus personne ne viendra s’installer sur cette chaise inoccupée. Pourtant les couleurs vives de la coupe de fruits tranchent avec le reste de la scène, peut-être une trace d’espoir pour cette jeune femme.
On éprouve une certaine empathie pour elle. Hopper a réussi à nous faire ressentir des émotions à travers ce tableau. Par son sens de la mise en scène, il parvient à sublimer la banalité.
Emilie-Rose Soufflet, 1G1, spécialité Histoire des arts