L'oeuvre de la quinzaine

Henri Martin, Le Printemps, 1903, Musée du Capitole, Toulouse, critique à la manière de Diderot par Léna Frechet, 1G1

Par FREDERIQUE ASTOUBE, publié le mercredi 31 mai 2023 14:57 - Mis à jour le mercredi 31 mai 2023 15:23
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Henri Martin, Le Printemps, 1903, huile sur toile, grand format, Musée du Capitole, Toulouse

Le printemps. Quel doux rêve ! Quel songe agréable ! Henri Martin a dû se servir de magie pour pouvoir, en quelques simples points, nous montrer les fleurs et les feuilles les plus délicates qui soient !

La lumière qui entre doucement dans ce tableau printanier, ainsi que la colline bleutée en arrière-plan, rappellent les jours qui s’allongent et l’odeur du jasmin. Les grands troncs d’arbre agrémentent la plaine ensoleillée et calme. Il doit être environ dix-sept heures.

Au second plan, un étroit cours d’eau donne sa sonorité à l’œuvre d’art. Et devant lui, ah ! La charmante dame ! La triste beauté ! Elle tient en sa main droite un mouchoir en tissu, qu’elle semble regarder passivement. À son côté, un hommeau chapeau de paille la regarde, poings fermés : et qui ne le comprendrait pas ? Qui ne sait combien il est frustrant de ne pouvoir résoudre la contrariété de sa bien-aimée ! Et pour cause ; il ne peut arrêter les larmes coulant sur les joues de la pauvre femme, qui se trouve être simplement allergique au pollen (et celui-ci foisonne).

Maligne, tu te sers de cela pour lui faire croire à un chagrin plus grand et qu’il se soucie davantage de toi. Il faut dire que vous n’avez pas eu beaucoup de grandes discussions depuis quelques temps maintenant… Lui tout le temps à son travail, toi en train de t’occuper des brebis… Tu espères que la douceur du cœur accompagne la douceur du temps apporté par le changement de saison. Que la fin de l’hiver long et menaçant vous fasse virevolter dans un vent de renouveau. Mais bien sûr tu ne lui confies rien de tout ça, et jettes un coup d’œil à tes brebis à quelques pas de vous, qui paissent, insouciantes. « Comme j’aimerais être à leur place ! » penses-tu sans doute. Elles narguent l’ensemble des personnes de la scène, des paysans au fond aux mariés silencieux.

Martin retranscrit là une atmosphère sensible et éphémère, qui pourrait disparaître au moindre éternuement. Les ombres s’étireront jusqu’à atteindre l’été.

Léna Frechet, 1G1

Remarque : tout juste restaurée, la salle Henri-Martin du Capitole, anciennement salle des Pas perdus, est l'une des réussites de la peinture officielle du début XX°.  Le peintre, choisi entre autres parce qu'il était toulousain, y conjugue post-impressionnisme  (pointillisme) et monumentalité.

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