L'oeuvre de la quinzaine

L'Accordée de village, de Greuze, commentaire à la manière de Diderot par Lisa Plévert, 1ère Hida

Par FREDERIQUE ASTOUBE, publié le jeudi 3 juin 2021 09:21 - Mis à jour le lundi 7 juin 2021 18:12
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L’Accordée de village, Jean-Baptiste Greuze, 1761, huile sur toile, 114 X 166cm, Musée du Louvre.

L’Accordée de village met en scène une famille de paysans aisés, dont tous les membres réagissent à leur manière à ce moment grave et émouvant : la jeune femme, au centre, est accordée par son père à son futur mari et s’apprête à quitter avec lui le domicile familial. Le vieil homme, d’un geste plein d’emphase, remet au plus jeune une bourse symbolisant la dot de la future mariée.

  Dans l’assemblée, les réactions sont variées :  la jeune femme accoudée derrière le vieux père, probablement une des sœurs de la jeune fille, semble soucieuse pour sa sœur.  S’est-elle déjà mariée, est-elle contrariée par le fait que sa jeune sœur soit mariée rapidement ? Ou est-elle jalouse que sa sœur soit mariée à un homme qu’elle aime et dont elle est aimée, jalouse que sa mère retienne sa sœur et pas elle ?

Je me souviens qu’en l’ayant vue, je me suis imaginée lui poser cette question : « Pourquoi portez-vous sur votre visage un air si complexe ? Soucieux ? Jaloux ? Triste de ne plus voir votre sœur ? Que signifient cet air et cette posture ? » Quoi ! Pour cet homme, un peu niais… Je doute, cette réponse me laisserait sur ma faim. C’est bien ce que je pensais, c’est plutôt le contraire, vous n’êtes pas rassurée pour Suzanne, vous savez qu’elle ne sera pas heureuse. Suzanne et vous, c’est fusionnel, vous rêviez toutes deux de liberté, de voyage, de rencontres. Cependant, votre père, le village, le manque d’argent et votre condition de femme, n’oublions pas… Vous êtes triste, je comprends. Vous avez été la première, on vous a mariée, cela a été un déchirement pour votre sœur et vous. Adieu, nos rêves, vous êtes-vous dit ! Néanmoins, Suzanne, elle ! Elle peut toujours réaliser nos rêves, ce n’était donc pas perdu. Mais, père, cet homme avare et impitoyable, regardez-le, il ne pleure même pas sa fille, non, au contraire il la laisse sans remords, contrairement à mère qui pleure et essaye de libérer Suzanne. Je sais, vous êtes-vous dit, je sais que maintenant nos rêves sont brisés à jamais. 

Lisa Plévert, 1ère G7, spécialité Histoire des arts