L'oeuvre de la quinzaine

Le dialogue des arts : Nana, de Zola à Manet, par Lucas Pradel, 2de4

Par FREDERIQUE ASTOUBE, publié le mercredi 12 octobre 2022 14:09 - Mis à jour le mercredi 12 octobre 2022 14:15
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Édouard Manet, Nana, 1877, huile sur toile, 154 x 115 cm, Hambourg, Kunsthalle.

Me voilà, vêtue d'un beau jupon de dentelle de mon corset bleu de soie. 

Je me tiens de profil, face au peintre, avec mon geste gracieux du bras et de la main, petit doigt levé vers le ciel. Dans ma main droite, je tiens ma houpette, afin de me repoudrer devant mon miroir.

Derrière moi, on aperçoit un fond japonisant (paravent ou tapisserie), décoré d'une grue.

A ma droite est assis, sur un canapé de velours aux moulures dorées, un homme vêtu d'un habit de soirée de qualité (redingote noire, gants crème). Cet homme m'attend et son regard parcourt mes formes avec délectation.

Je suis Nana, et dois mon nom à un personnage de Zola. Le peintre Monet a choisi ce titre en hommage à son ami, l'écrivain naturaliste, qui publie en 1877 L'Assommoir, dans lequel je figure déjà, et en 1879 le roman dont je suis l'héroïne éponyme. L'oiseau du décor en témoigne, qui laisse deviner ma profession de courtisane.

Lucas Pradel, 2de 4